Vendredi 13 novembre 2015 à 16h, je suis à Washington DC. Les chaînes d’infos américaines diffusent les premières images des attaques à Paris.
De retour à Paris, j’ai été frappé par l’amoncellement d’objets déposés, dessins, petits mots griffonnés érodés par la pluie, bouteilles de vin, fleurs, photos de disparus. Témoignages éphémères de l’émotion de chacun.
Cette puissance évocatrice était bouleversante.
J’ai souhaité mettre en lumière quelques objets empruntés, les photographier sur fond blanc avec l’aide de Pierre-Yves Duval, photographe d’objet d’art, et ainsi stopper l’inéluctable détérioration de ces témoignages.
Pris à part, chaque objet acquiert un statut unique d’œuvre d’art et perpétue les histoires personnelles.
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Afin d’avoir une visibilité plus large et de me sentir plus proche des Parisiens, j’ai fait imprimer un millier d’affiches que je suis allé coller de nuit sur les murs et les monuments de Paris, quelques jours avant le premier anniversaire des attentats, comme pour réinvestir artistiquement l’espace public.
La réaction des passants était très touchante. Ils comprenaient immédiatement, à la seule vue de l’objet, et sans avoir besoin de texte, le lien entre mes images et les attentats. Il y avait une forme de reconnaissance mêlée d’une émotion toujours vive.